vendredi 15 février 2013

"Aperçu sur la crise du monde moderne" de René Guénon

Puisque le nom de ce blog est directement inspiré des connaissances contenues dans le livre "la crise du monde moderne", il nous semblait naturel d'inaugurer celui-là par un article concernant celui-ci, à la fois pour donner à nos (hypothétiques pour le moment) lecteurs une idée de l'immensité spirituelle et conceptuelle d'un tel ouvrage, enfin, afin de rendre hommage à celui qui sut si brillamment rendre limpide ce qui semblait si compliqué.


Difficile de présenter un ouvrage si célèbre parmi les initiés, si difficile qu'il faut éviter à son sujet les lapalissades et autres banalités. Travail compliqué.


Si l'impression générale est que tout et le contraire de tout a été écrit au sujet de René Guénon, il reste un génie méconnu, un génie que l'intelligentsia croit orgueilleusement connaître, un génie qu'il faut lire pour outrepasser tous les discours vains à son sujet. Il est l'homme que les courants intellectuels les plus contradictoires souhaitèrent s'approprier, en vain. Il fut le grand connaisseur des symboles, devenu symbole lui-même de la radicalité que tout détracteur de la modernité doit en son for intérieur atteindre.

Parler de  "la crise du monde moderne" et non du reste de son œuvre n'est pas un choix arbitraire. Cet ouvrage est à notre sens la clef permettant d'accéder à la pensée d'un auteur qui exprima comme personne la signification profonde de ce qu'est la Tradition. Car il est vrai qu'il fut celui qui rendit sa clarté originelle à la métaphysique par des mots et des concepts accessibles aux occidentaux myopes que nous sommes tous par la force des choses.

Et c'est par l'explication de ce qu'est la Tradition que le lecteur comprend peu à peu l'absurdité dans laquelle la modernité se débat depuis des siècles.

Si R. Guénon a fait partie dans un premier temps de tout ce que son époque comptait de sociétés et de cercles de réflexion, jusqu'à être membre actif à la fois de la maçonnerie et de l'anti-maçonnerie, il quitte néanmoins tout en 1934 pour s'installer définitivement au Caire comme un parfait musulman autochtone (il s'est converti à l'Islam en 1910) sous le nom d'Abdel Wâhed Yahia. Il meurt en 1951 en prononçant le nom d'Allah.

Cette très rapide biographie suffit à comprendre qu'il fut un parfait orthodoxe, ce que parfois ses écrits laissent difficilement entrevoir. Cette difficile lisibilité, à l'image de son appartenance à de multiples organisations, pourrait s'expliquer par le désir ardent de les modifier de l'intérieur et ainsi d'enclencher le redressement de l'occident, seul salut possible selon lui. On ne peut que constater son échec dans le domaine de l'action.

« La crise du monde moderne » dresse un constat sans appel. Celui d'un monde détaché de tout principes supérieurs et qui dès lors se laisse entraîner dans toutes les chimères que sont le scientisme, l'humanisme, l'égalitarisme, le psychologisme, le marxisme, le capitalisme... Autant d’idoles devant lesquelles l'Homme déstructuré se prosterne allègrement sans prendre conscience qu'elles sont les déesses trompeuses d'une nouvelle religion séculière, proprement satanique, que R. Guénon nomme "la modernité".


Encore une fois, Guénon doit être lu. Gloser plus longtemps est inutile. Mais il convient tout de même d'ouvrir quelques perspectives.


Si son œuvre peut paraître intemporelle quant à son explication des causes de la déchéance de l'occident, voilà tout de même 60 ans que le maître nous a quittés ; et s'il semblait penser en son temps qu'il existât des moyens d’espérer un rapprochement entre une élite régulière occidentale reformée et une élite orientale immuable, cette possibilité semble définitivement écartée. La maladie de la modernité est devenue universelle, ainsi le combat titanesque contre celle-ci devient plus intérieur. Il ne serait plus question de retarder par nos actions une apocalypse certaine mais de se concentrer à ne pas se laisser submerger ni influencer par une déchéance de plus en plus généralisée et visible. De rester "debout au milieu des ruines" comme le préconisait l'un de ses nombreux disciples, Julius Evola.


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